La taverne exhalait des odeurs alléchantes de viandes rôties.
Les clameurs, rires et chants de quelques porte-glaive emplissaient la modeste mansarde d’une douce chaleur collégiale.
Ces hommes fêtaient vraisemblablement la fin d’une mission, dépensant leur maigre solde, goutant la vie qu’ils allaient peut être perdre prochainement.
Ils se quittaient pour peut être un jour prochain à nouveau servir sous la même bannière ou se combattre, au grès des missions qu’on leur confierait.
Leur unique point commun : leurs bras étaient à louer.
Jamais regardant sur la tâche à faire, les lèvres toujours scellées, si le gîte et le couvert étaient offerts, ils s’exécutaient. Si quelques pièces venaient compléter ce maigre dédommagement, le travail était alors effectué de mains de maître.
Je suis un de ces hommes là.
Un condottière, un mercenaire, un escorteur, une chaire à canon ou tout autre nom que vous voudrez me donner. Certains dissent que nous sommes les prostitués de la guerre, ce n'est dans un sens pas faux. Il faut bien survivre par ces temps de chiens, quitte à rogner quelques os.
Je fais partie de cette bande qui se dissout, ce soir, qui me laissera seul à cette taverne, jour après jour, tant que ma bourse me le permettra, attendant que quelqu’un veuille bien s’assoir en face de moi et louer mes services.
J’ai votre religion, vos dogmes, votre manière de penser, je n’ai pas d’avis, uniquement mon expérience des combats pour vous servir. Je me monterai digne de vous.
Pour le moment la chaise est vide en face de moi.
Saisissez votre chance ou d’autres m’utiliseront contre vous.